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ESPACE MITUKU
18 avril 2007

Chapitre 2 : La dynamique de la vie traditionnelle

§ 2. 1. La croyance et la religion

Représentés dans les différents objets culturels, masque, figurine et sculpture qu’on appelait « Kakongo », les Metoko et les Lengola, quoique peuplades sauvages de la forêt, croyaient tous en Dieu créateur. Ce Dieu pour eux était conçu comme premier ancêtre ou comme héros culturel. C’est l’héritage de la croyance du peuple Lega qui est transmis aux autres peuples issus de son lignage. La croyance dans l’esprit de la nature était assez développée. Mais la référence des ancêtres pour atteindre Dieu était la plus importante. Leur culture était au centre de l’activité religieuse. Ceci n’était pas sans relations avec la structure sociale segmentaire.

Chaque individu pouvait invoquer l’esprit de son lignage majeur dans son village. Il invoquait aussi ceux de son oncle s’il se trouvait dans le village de celui-ci. Parmi les rites de passage, seuls ceux de la croyance méritaient êtres mentionnés, par exemple le « Tshoo » des Metoko. Mais ces rites étaient assez simples et ne comportaient guère d’enseignement ésotérique comparable à celui de la région Balese-Komo. La circoncision metoko et lengola était plus liée au « Kota » qui dirigeait les opérations et surveillait les garçons. Le rite complet ne durait pas plus de trois mois, tant chez les Bembe que chez les Lengola ou chez les Metoko. Par contre chez les Binja-nord, les cérémonies étaient de même nature mais duraient jusqu’à cinq mois...

§ 2. 2. Le mode économique

Comme leurs ancêtres Lega, les Metoko et les Lengola étaient des cultivateurs. Ils cultivaient de bananes, le maïs, l’arachide, le manioc, l’igname, la canne à sucre et le tabac. Perdus dans une région des palmeraies, ils extraient l’huile de palme. Le terrain était défriché par les hommes et on brûlait les branches d’arbres abattus. Après le défrichement, tous les travaux des champs à savoir le labourage, la plantation des grains, le binage et la récolte étaient laissés aux femmes. On plantait les bananes et le manioc durant toute l’année. Les autres cultures étaient faites en octobre et en avril en saison de pluie. La tradition des cultures qui est issue des Lega, groupe ethnique de référence, était transmise aux Metoko et aux Lengola.

Ainsi les bananes et le manioc étaient épluchés. On coupait le manioc et, après l’avoir mis dans l’eau quelques jours, on le séchait au soleil. Ces produits étaient conservés dans la maison dans une pièce spéciale. Les animaux domestiques étaient les chiens, les poules, les chèvres et les moutons. Comme les autres habitants de la forêt, les Metoko et les Lengola étaient les chasseurs, récolteurs et pêcheurs. Pour la pêche, on pratiquait soit la traque d’un jour, soit la battue collective avec filets une fois l’an.
On empoisonnait les rivières avec des feuilles appelées « le Botshoké ». Hommes et femmes capturaient les poissons étourdis. Les hommes posaient des nasses. Le cas des riverains de Lualaba, des Metoko, était particulier. Chez eux, les hommes pêchaient d’une façon intensive avec pirogues, filets, claies et nasses géantes (pratique encore courante chez les Wagenia actuels). Les Metoko et les Lengola avaient leur propre monnaie, c’était le « molola » ou les « melola ».

§ 2. 3. Le Molola: la monnaie traditionnelle

   Les Melola à l’époque, se fabriquaient à partir de « la coquille des escargots » qu’on taillait en rondelle à la même dimension. Puis, on perforait un petit trou au milieu pour faire pénétrer une ficelle d’un bout à l’autre. Le molola se distinguait en fonction de la taille et en fonction de la valeur de l’objet à acheter. Il y avait le molola court, moyen et long. Pour compter le molola, on recourait au chiffre comme dans n’importe quelle autre langue. Le chiffre en kinyamituku s’apparente à beaucoup de langues de nos voisins Kilengola, Kigenya ou Kinyalokele, voire même au lingala. On dira :

kamonka ou omonka = 1;
tobe ou babe = 2 (babangi bangababe = ils étaient deux);
tosato = 3;
mine = 4;
mitano = 5;
motoba = 6;
sambo = 7;
munane = 8;
mwendi = 9;
libua = 10.;
libua na kamonka = 11;
Nkama = 100;
Kelinge = 1000.

L’unité monétaire était le molola qui correspondait à 100 frs congolais à l’époque. Ainsi, on pouvait avoir 5 melola, 10 melola, 15 melola, 20 melola etc. Un Kelinge se lisait « Kelinge omonka » qui équivalait à 1 Nkama; 1 Nkama = 10 x 10 = 100 melola, ( soit 1000 frs congolais) , Kafundi omonka = 100 melola x 10 = 1000, (soit 10 000 frs) etc.

Le molola se mesurait par la main, partant de la paume de la main jusqu’à l’avant-bras. Chaque articulation de la main correspondait à une valeur-étalon. Trois mesures étaient retenues: la longueur de la paume de la main, le coude et le bras tout entier. A Lowa, les Mitugais et les Balengola utilisaient les deux monnaies (traditionnelle et moderne). Ils établissaient parfaitement la parité par rapport au franc congolais. De telle sorte que, s’ils avaient affaire avec un problème relatif à la situation actuelle, ils employaient allègrement le franc. Si par contre ce problème était du ressort de la tradition, on recourait à la monnaie traditionnelle.

La frappe des melola n’était pas loisible, c’est-à-dire n’importe quel profane ne pouvait s’y hasarder sans l’autorisation préalable. Cette tâche était réservée au « Mokota ». C’est lui qui était habilité, par la hiérarchie sociale, à frapper le Molola. Ce titre de Mokota s’octroyait après avoir franchi plusieurs ordres rituels. Car ce personnage était censé être en contact permanent avec les ancêtres. Le gardien des valeurs ancestrales, il l’est, en ce sens qu’il respecte l’ordre établi par la tradition. Les gens qui avaient besoin des liquidités, faisaient la commande auprès de Mokota en motivant l’objet pour lequel les Melola sont sollicités, par exemple pour des raisons de mariage ou d’une cérémonie quelconque. Celui-ci donnait les ordres formels à ses notables, les Kenkombé, pour en fabriquer en quantité demandée. L’autorité coloniale belge respectait cet ordre financier issu de la tradition. Le Molola est de nos jours exposé au Musée africain de Tervuren à Bruxelles.
   

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Commentaires
ESPACE MITUKU
  • Isamba eh ...Bonjour mes frères et soeurs Mitugais. Banya-metoko (Banyamituku), ceci est votre espace d'échange des idées. Les non-mitugais(e)s, dites nous ce que vous savez de banyamituku...
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